Depuis toujours, j’ai un faible pour les marques qui ne baissent jamais les bras, même quand les vents sont contraires. C’est le cas de Honda en cette année 2025. Malgré un bénéfice en baisse cette année, voire décevant selon certains experts –, le constructeur japonais affiche une confiance surprenante pour l’avenir.
Bénéfice chutant mais optimisme affiché
Concrètement, Honda a vu son bénéfice d’exploitation passer à 1,66 milliard de dollars, bien en deçà des anticipations des analystes. Un coup de massue lié, entre autres, à un yen fort et aux sévères droits de douane appliqués par les États-Unis sur les importations japonaises. Sur ce point, environ 850 millions de dollars se sont évaporés dans ces taxes. Pas de quoi effrayer la marque à l’Aile: elle fait le pari d’un retournement de situation dès la fin d’année, portée par un yen plus faible et de nouveaux accords commerciaux.
Électrique en recul, hybridation en force
La vraie surprise, c’est la transition opérée par Honda sur son offre électrifiée. Déjà, la demande mondiale pour les véhicules électriques reste en retrait par rapport aux attentes, surtout en Chine, où la concurrence locale est féroce. Face à cette réalité, Honda réduit de 30 % son investissement dédié aux VE d’ici 2030 et revoit à la baisse ses ambitions. Place aux hybrides: treize nouveaux modèles sont attendus entre 2027 et 2030, avec un objectif de 2,2 à 2,3 millions d’unités hybrides vendues par an dans cinq ans seulement. Un virage stratégique mi-raisonnable, mi-opportuniste, mais cohérent avec la demande actuelle.
Production locale pour contrer la guerre commerciale
Un autre volet fort de l’actualité Honda concerne son implantation industrielle en Amérique du Nord. Avec plus d’un million de véhicules assemblés aux États-Unis, des modèles phares comme le CR-V sorti des lignes canadiennes ou le HR-V produit au Mexique, la marque affiche sa volonté de s’affranchir des écueils douaniers. D’ici 2030, Honda veut produire 90 % de ses voitures américaines… sur le sol américain. L’arrivée de la Civic hybride dans l’Indiana incarne bien cette délocalisation stratégique, destinée à contourner les surcoûts, et à garantir l’emploi local au passage.
Prévisions ajustées et défis à venir
Malgré la conjoncture, Honda voit l’avenir sous un jour meilleur. Grâce à la baisse annoncée des taxes américaines et à une anticipation d’un yen moins fort, le fabricant revoit à la hausse ses prévisions annuelles de bénéfice: une projection de 4,7 milliards de dollars contre 3,4 milliards estimés initialement. L’audace de la marque japonaise consiste à capitaliser sur ses points forts, l’hybride, l’industrie locale, tout en ajustant ses investissements sur l’électrique. Il n’est jamais simple de concilier pragmatisme, innovation et rentabilité, mais Honda prouve que le mot adaptation a encore du sens au XXIe siècle.
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