Le budget cap en Formule 1 revient au cœur du débat après la décision de Red Bull de monter un nouveau moteur sur la voiture de Max Verstappen à Interlagos. McLaren estime que cette opération pourrait contourner l’esprit des règles financières, tandis que Red Bull assure que ce changement est parfaitement légitime et défendable.
Un changement de moteur qui fait grincer des dents
Après une élimination en Q1, Red Bull choisit de changer le moteur de Verstappen pour la course, ce qui entraîne un départ depuis la voie des stands. Malgré ce handicap, le Néerlandais remonte jusqu’à la troisième place, à moins d’une seconde de Kimi Antonelli et devant Oscar Piastri, son rival au championnat. Forcément, ce gain de performance interroge ses adversaires sur l’impact réel de ce choix stratégique.
Chez McLaren, Andrea Stella ne mâche pas ses mots. Selon lui, ce type de changement de groupe propulseur « challenge les réglementations ». Il veut notamment savoir si le coût de ce moteur est bien intégré au budget cap, surtout si la motivation est la performance plus que la fiabilité. Il explique aussi que c’est précisément pour cette raison que McLaren ne se permettrait pas une telle opération, car elle pèserait sur l’enveloppe financière annuelle de l’équipe.
Red Bull assume une décision « défendable »
Face aux sous-entendus, Paul Monaghan, ingénieur en chef de Red Bull, assume pleinement. Il déclare que ce qui a été fait est « légitime » et rappelle que, depuis 2022, plusieurs équipes ont déjà procédé à des changements de moteur sans que cela soit considéré comme inhabituel. Pour lui, la situation n’a rien d’une zone grise et l’équipe est prête à justifier ses choix si elle est officiellement questionnée.
Interrogé sur un éventuel risque pour la limite budgétaire de Red Bull, Monaghan reste prudent. Il reconnaît ne pas être expert des règles financières, mais affirme croire que l’équipe peut défendre ses actions et qu’aucune sanction de fin de saison ne devrait en découler. Il préfère toutefois ne pas détailler la manière dont ce changement est traité dans les comptes, afin d’éviter toute interprétation erronée.
Une faille réglementaire en voie de disparition
Côté FIA, Nikolas Tombazis admet une vraie faiblesse de la réglementation actuelle. L’instance ne veut pas se retrouver à devoir trancher, télémétrie à l’appui, entre un problème de fiabilité et un choix stratégique à chaque changement de moteur. Tant qu’il n’existe pas de plafond de coûts spécifique pour les motoristes, la porte reste entrouverte à des interprétations et à des accusations de contournement indirect du budget cap.
La situation devrait toutefois évoluer. Tombazis explique qu’avec l’arrivée d’un cost cap dédié aux fournisseurs de groupes propulseurs, ces derniers n’auront plus intérêt à multiplier les changements stratégiques. Chaque moteur supplémentaire représentera en effet un coût substantiel, de l’ordre d’un million d’euros pour certaines pièces majeures, ce qui agira comme mécanisme naturel de régulation. Selon lui, cette évolution mettra fin à ce type de polémiques et clarifiera enfin l’articulation entre règles sportives, techniques et financières.
En résumé, la controverse autour de Red Bull illustre surtout les limites d’un système encore en transition. Entre recherche de performance, contraintes financières et interprétation des règles, la F1 continue d’ajuster son cadre réglementaire pour que le débat se joue davantage en piste que dans les bureaux des comptables.

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