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Histoire de la marque

Henry Ford a fondé l’entreprise en 1902 avec 28 000 $ apportés par douze investisseurs, parmi lesquels John et Horace Dodge – qui fonderont plus tard la Dodge Brothers Motor Vehicle Company. Il avait 40 ans lorsqu’il a implanté sa première usine sur Bagley Street, à Detroit.

La société sera officiellement enregistrée le 16 juin 1903. Ford Motor Company baptise alors ses modèles de façon chronologique et alphabétique, du Model A jusqu’aux Model K et Model S, ce dernier étant le dernier modèle Ford à conduite à droite. En 1908, Ford lance le Model T, conçu par Childe Harold Wills et deux immigrés hongrois, Joseph A. Galamb et Eugene Farkas. Ce modèle s’impose comme la quintessence de l’automobile Ford et propulse la marque parmi les noms les plus influents de l’industrie.

Le Model T Ford est fiable, pratique et abordable, ce qui en fait un immense succès aux États-Unis, où il est promu comme la voiture de l’homme de la classe moyenne. Face à la demande, Henry Ford élargit sa production et pose les jalons du travail à la chaîne avec la première ligne d’assemblage automobile mondiale en 1913. En 1912, la production du seul Model T approche déjà les 200 000 unités.

Cette innovation organisationnelle permet à Ford de réduire le temps d’assemblage du châssis de près de 10 heures, passant de 12h30 à 2h40.

Au-delà de l’efficacité en usine, Ford dynamise son entreprise en annonçant une nouvelle politique de partage des bénéfices: les acheteurs reçoivent une part des profits si les ventes dépassent 300 000. Objectif vite atteint, puisque les ventes grimpent jusqu’à 501 000 exemplaires en 1915.

Dans une nouvelle stratégie RH et sociale, Ford emploie des personnes handicapées jusque-là exclues du marché du travail, réduit la durée des journées de travail et double les salaires. Ces réformes stimulent les ventes et instaurent les bases des relations sociales modernes.

À terme, le marché nord-américain devient trop étroit pour les ambitions de la marque. Dès le milieu des années 20, Ford s’implante en Angleterre, France, Allemagne, Danemark, Autriche et jusqu’en Australie. Sa présence européenne dope ses revenus.

La guerre n’ébranle pas Ford autant que d’autres constructeurs. Après la première guerre mondiale, la marque innove (freins aux quatre roues) et lance de nouveaux modèles. En 1922, Ford entre dans le segment du luxe en rachetant la Lincoln Motor Company, baptisée ainsi en hommage à Abraham Lincoln que Henry Ford admirait.

Ford Motor Co. est l’une des rares grandes sociétés américaines à survivre à la Grande Dépression, même si la chute des ventes contraint la marque à réduire son activité et à licencier de nombreux ouvriers. En mai 1929, Ford signe un accord avec l’Union Soviétique pour fournir assistance technique jusqu’en 1938 et bâtir une usine automobile intégrée à Nijni Novgorod; en contrepartie, l’URSS achète 13 millions de dollars d’automobiles et pièces détachées. Nombre d’ingénieurs et techniciens américains partent en 1932 pour travailler à la Gorkovsky Avtomobilny Zavod (GAZ). Ceux qui restent après la fin du chantier sont victimes des purges staliniennes, soit fusillés, soit envoyés au goulag.

Avec la Seconde Guerre mondiale, l’influence mondiale de Ford s’accroît encore, la marque s’impliquant massivement dans l’effort de guerre. Le président Roosevelt qualifiera d’ailleurs Detroit d’« Arsenal de la démocratie ». Lorsque le département d’État américain confie à Ford la production des B-24 Liberator, le rythme passe à 20 avions par jour, contre un seul dans l’usine Consolidated Aircraft Corporation.

Après la guerre, Ford reprend la fabrication de voitures particulières et présente en 1955 le mythique Thunderbird. En 1958, la marque lance la Edsel, qui sera un échec et disparaîtra en 1960 à cause de la récession de 1957 et d’un prix excessif.

Ford se remet de cet échec grâce à la sortie de la Falcon en 1960 puis de la Mustang en 1964. Prochaine grande étape: la création de Ford Europe en 1967.

La marque connaîtra ensuite une période de « fatigue de marque » jusqu’à frôler la faillite. Après d’importantes pertes dans les années 2000, Ford se retrouve acculée par ses dettes.

Privilégiant le rebond en solo, Ford hypothèque l’ensemble de ses actifs en 2006. Depuis, la marque a poursuivi ses nouveautés, que ce soit sous son propre nom ou via ses filiales comme Mercury ou Lincoln, sa division luxe. En Europe, le succès est également au rendez-vous, surtout avec la Focus dès 1997. Si la marque n’a pas encore regagné tout son lustre, elle est indéniablement sur la voie de la reconquête.

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