Record battu: la voiture électrique en Chine s’est offert en mai un score renversant avec plus d’un million d’exemplaires écoulés sur un seul mois. Cette performance, relayée par l’ICCT, place le pays très largement en tête du marché mondial. Les constructeurs locaux comme Geely, SAIC, Chery, GAC et surtout BYD caracolent en tête, la dernière dépassant même Tesla sur l’électrique pur et affichant une croissance insolente de 25 % sur un an. Difficile pour l’Occident de rivaliser, tant l’avance technologique, la compétitivité prix et la vitesse d’innovation chinoise semblent inatteignables. On parle presque d’une révolution industrielle… Mais à regarder derrière le rideau, tout n’est pas si limpide.
Quand la réalité des chiffres chatouille le Parti
Si l’euphorie des chiffres impressionne, la prudence reste de mise. Le Parti communiste chinois a, en effet, sifflé la fin de la partie de poker menteur début juin. Son organe officiel, le People’s Daily, a épinglé une pratique discutable: les « voitures d’occasion zéro kilomètre », des véhicules tout juste immatriculés, puis revendus dans la foulée en occasion. Le but: gonfler artificiellement les ventes réelles pour embellir les bilans, liquider les stocks ou profiter de subventions à l’achat. Au final, on a la sensation d’un marché en pleine euphorie… mais pas totalement transparent. Le risque ? Éroder la confiance, fausser la concurrence et détourner l’industrie de l’innovation véritable pour mieux courir après le volume.
Spectaculaire, mais durable ?
La course à la performance industrielle voulue par Pékin met les constructeurs chinois sous haute pression. Tenir les objectifs à tout prix incite parfois à franchir la ligne jaune, et ces ventes « tactiques » distordent la réalité du marché. Cela n’enlève rien au bond technologique spectaculaire ni à la domination du Made in China sur l’électrique, mais interroge sur la pérennité du modèle. Quand la croissance repose autant sur la vitesse que sur l’effet d’annonce, la question de la transparence devient cruciale. Les acheteurs, comme les investisseurs, attendent des repères fiables et des pratiques saines pour que cette success story tienne la route.
À surveiller: croissance réelle ou mirage passager ?
Au final, le succès chinois en matière de voitures électriques est indiscutable… mais sa solidité mérite d’être questionnée. Pour continuer sur cette lancée, l’industrie devra passer de la « magie des chiffres » à la fiabilité, en privilégiant la qualité et une croissance maîtrisée, plutôt que la surenchère des volumes. L’avenir nous dira qui saura garder le cap, sans tomber dans le piège de l’illusion collective.
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