Le virage stratégique de Stellantis vers l’hybride aux États-Unis se précise. Son nouveau patron, Antonio Filosa, place désormais les hybrides classiques au cœur de la gamme américaine, reléguant au second plan le tout électrique et les hybrides rechargeables, jugés moins en phase avec les attentes actuelles des automobilistes US.
Hybride oui, mais surtout pas rechargeable
Lors de la conférence Goldman Sachs Industrials & Autos Week, Antonio Filosa a martelé sa conviction: l’hybride sera « l’une des motorisations préférées » du marché américain. Stellantis choisit donc de privilégier les hybrides non rechargeables, considérant que l’appétit pour les plug-in hybrids reste limité chez les clients locaux.
Selon lui, le constructeur doit se réaligner sur ce que veulent les consommateurs américains aujourd’hui, plutôt que de suivre uniquement la logique des contraintes réglementaires passées. Le Jeep Cherokee hybride est cité comme vitrine technologique actuelle, et la marque entend étendre ce type de motorisation à une plus large partie de son portefeuille US.
Objectif: reconquérir des parts de marché
Ce repositionnement vers l’hybride intervient alors que Filosa cherche à enrayer puis inverser l’érosion des parts de marché de Stellantis aux États-Unis, un des éléments qui a conduit au départ de l’ex-CEO Carlos Tavares. Le groupe revendique une part de 7 % au premier semestre, remontée à 8 % au troisième trimestre.
Arrivé il y a environ six mois à la tête d’un portefeuille de 14 marques (dont Chrysler, Ram et Jeep), Filosa compte sur une nouvelle vague de produits, avec davantage d’options hybrides, pour gagner encore du terrain. Il estime qu’il existe une vraie opportunité de volume et de « mix » produit, notamment en combinant motorisations électrifiées et modèles à forte image.
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Réglementation assouplie et retour des gros moteurs
Les choix de Stellantis s’inscrivent aussi dans un contexte politique mouvant. Filosa a récemment participé à des discussions à Washington, aux côtés notamment du patron de Ford, avec le président Donald Trump au sujet de l’évolution des normes de consommation.
Le 3 décembre, Trump a dévoilé un projet visant à assouplir les standards de consommation jusqu’au millésime 2031. Si cette réforme est adoptée, les constructeurs auraient davantage de latitude pour vendre des véhicules à essence, ce qui réduirait la pression réglementaire en faveur du 100 % électrique.
Stellantis a d’ailleurs déjà réagi aux remontées de son réseau et de ses clients en réintroduisant le V8 HEMI sur certains modèles Ram. Résultat immédiat: 10 000 commandes le jour de l’annonce, puis 50 000 en six semaines. Un signal fort montrant que le marché américain reste très réceptif aux moteurs puissants, même en pleine transition énergétique.
Hybride comme compromis pragmatique
En misant sur les hybrides classiques tout en conservant des offres thermiques musclées comme le HEMI, Stellantis cherche un équilibre pragmatique entre attentes clients, contraintes politiques et impératifs industriels. L’hybride devient ainsi un outil de reconquête commerciale plus qu’un simple symbole écologique.
Reste à voir si cette stratégie centrée sur l’hybride, combinée à un assouplissement des normes de consommation, permettra au groupe de consolider durablement ses parts de marché aux États-Unis, tout en préparant la suite de la transition énergétique.
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